Astrid autour du Monde

Voilà, aujourd'hui c'est mon dernier jour sur l'île continent. Il fait gris et il pleut (pour changer) quand je me lève. Je dois accomplir une mission de taille: trouver un didgeridoo pour ma soeur. Elle a fait sa liste à la Mère Noël, et a trouvé, comme par hasard, le seul article que je n'avais vraiment pas envie de ramener d'Australie... Mais bon, je suis une bonne soeur, donc je m'acquitte de la demande en me rendant dans le centre de Sydney. Pour ceux qui ne sauraient pas ce qu'est un didgeridoo, il s'agit d'un instrument de "musique" aborigène: un long tube en bois, creusé par des termites, puis fini et peint par les Aborigènes. On souffle dedans et ça dégage un son caverneux.

Le temps de m'acquitter de cette pénible tâche et de retourner au backpackers et le ciel se dégage à nouveau le long du littoral. J'en profite pour faire une dernière promenade et admirer les surfers, paddlers et bodyboarders qui s'en donnent à coeur joie. Au passage, je traverse un cimetière, qui doit être ce qu'on appelle un "cimetière marin". En tout cas, une bien belle demeure où les vers ont une vue unique sur l'océan.

Il me faut faire ma valise avant la grande traversée pour Christchurch, Ile du Sud, Nouvelle-Zélande... Demain, le réveil sonne à 05:15. Beurk!

Je dépose Black Camel à deux pas du centre-ville. Pratique pour aller visiter la ville par la suite. Bien évidemment, je veux absolument voir l'Opéra et le Harbour Bridge qui traverse Port Jackson (la baie de Sydney). Mes premiers pas me mènent à la Cathédrale Saint-Mary. Tout est prêt pour Noël et petit Jésus est déjà dans la crèche. Je sais bien qu'il y'a un certain décalage horaire avec Israël, mais tout de même, j'ai l'impression que les Australiens ont une méconnaissance certaine de la Bible. Ou alors ils pensent que Jésus était un préma... Là, je me rends compte que j'ai oublié mon casque d'iPod dans la boite à gant de la voiture. Retour express à l'agence de location pour le récupérer. Heureusement, la voiture n'avait pas encore été embarquée dans un dépôt en-dehors de la ville.

Depuis la cathédrale, il suffit de marcher un kilomètre ou deux vers la baie, et j'arrive directement à l'Opéra. Je suis excitée comme une puce, malgré les nuages sombres qui recouvrent la ville. Pour moi, cet édifice est le symbole de l'Australie, comme pour beaucoup de touristes, j'imagine. Evidemment, en photo, ça rend mieux avec le ciel bleu, mais tout de même c'est assez impressionant. Il a souvent été comparé à une huître, ou une mêlée de nonnes en cornettes, mais j'y vois plutôt la trace des Conquistadores...

Je me rends ensuite au Harbour Bridge en longeant les quais, dominés par les buildings du CBD (Center Business District). Là, j'hésite à grimper tout en haut du pont. Cela coûte tout de même $200 et le temps n'est pas de la partie, donc je me contente de le traverser aller/retour par le trottoir. La vue n'en est pas moins impressionante.

Je me perds dans le quartier de The Rocks, ou le vieux quartier de Sydney, des docks et des marins et des prostituées. Malgré la proximité du CBD, la ville a conservé son patrimoine. Sydney est la toute première colonie à avoir été fondée. La baie a été découverte par le célèbre Capitaine Cook, et lorsque les Anglais sont revenus coloniser le pays quelques années plus tard, le gouverneur d'alors a posé ses valises dans la baie de Sydney, idéalement protégée de l'océan et de sa tourmente. L'atmosphère de la ville est beaucoup plus agréable et respirable que celle de Melbourne. A part les quartiers d'affaires situés de part et d'autre de Harbour Bridge, il y'a peu de buildings. Et même s'il reste assez peu de vestiges des premiers colons, la ville a un charme certain.

Mes jambes ne pouvant plus me porter, je me mets en quête de la ligne de bus qui me ramènera directement au "backpackers", et le ciel se découvrant, je m'octroie une fin d'après-midi à la plage. Et comme tous les soirs, mon ventre crie famine et mon gosier réclame sa vinasse. Je me promène dans mon quartier et découvre par hasard un petit restaurant-rhumerie, au cadre charmant et à la carte appétissante quoiqu'un peu fusion-folklo. Je me régale de quelques coquille Saint-Jacques et d'un très bon Sauvignon Blanc. Yapluka aller se coucher maintenant...

Frustrée de ma nuit, et plus très loin de Sydney, je décide de faire une petite route aujourd'hui. Je me saisis du LP et pointe du doigt Nelson Bay, qui m'a l'air très bien pour une après-midi tranquille à la plage. 2 heures de route et j'arrive dans un chouette camping avec accès privé à la playa. Tout à fait ce qu'il faut. On sent tout de même que Sydney n'est plus très loin, car la nuit s'élève à $40 pour un emplacement avec électricité.

En attendant que le vent chasse les nuages, je prends un abonnement au WiFi pour la modique somme de $25 (ouch!) en me disant que je vais mettre mon blog à jour. En réalité je Skype avec mon amie Janet pendant une bonne heure, puis je me rends en ville pour me ravitailler. J'ai épuisé mes dernières ressources alimentaires la veille au soir. Et enfin, comme le soleil fait une timide apparition je me décide pour un bain de soleil. Avec tous ces derniers jours pluvieux ou nuageux, je commence à perdre mon bronzage si chèrement acquis! Bref, je passe une après-midi de vacances fort appréciable et fort appréciée.

Je décide de fêter dignement ma dernière soirée dans ma voiture, en m'offrant un "plateau de fruit de mer". Mouais, pas terrible. 4 petites huîtres pas mauvaises, des crevettes moyennes, et du fish&chips (donc des frites!), et surtout des sauces dégueu! Je me fais la promesse que quand je rentre, je fais péter le bon vieux méga plateau avec de vrais fruits de mer cette fois.

J'ai dormi jusqu'à pas d'heure, donc midi. La nuit s'est avérée à peu près aussi reposante que dans ma voiture. Dortoir de 8, ça rentre et ça sort à toute heure, ça papote à voix haute, ça allume la lumière au milieu de la nuit... Sans compter qu'il n'y a pas de double vitrage et un bar juste en face. Pas de quoi en faire un fromage non plus. De toute façon, j'ai envie de plage aujourd'hui. Ah, mais attends, le ciel est toujours (encore!) gris. J'attrape mon LP à la volée et parcours ce qu'il y'a à faire dans les environs. Tiens, un petit bled à une trentaine de kilomètres qui accueille un musée rassemblant de vieux combi VW. Ca peut être rigolo.

En route pour Nimbin donc, dissimulé au fond d'une vallée surplombée d'une belle falaise et de milliers de "gum trees". En pénétrant dans le village, il y'a une petite école, toute peinturlurée sur sa façade. Et puis j'entre dans la rue principale du village. Oh mais dis donc, toutes ces couleurs et ces motifs psyché, ne serais-je pas tombée en plein dans une communauté hippie? Eh bien, si! A peine sortie de ma voiture, une femme d'un certain âge, voire d'un âge certain, me propose des "cookies". Je décline poliment. Et bientôt, toutes les femmes, de tous les âges, me proposent des cookies, tous les 3 mètres. Non merci, pas de cookies pour moi. Puis un jeune homme me demande si j'ai fumé aujourd'hui... Le moins qu'on puisse dire c'est que l'herbe a l'air en vente libre dans ce coin de l'Australie.

Je visite le "Musée de Nimbin". Il ne s'agit pas du tout d'une expo de minibus des années 70, mais d'un bric-à-brac invraisemblable, retraçant l'histoire de l'Australie, des Aborigènes, à l'occupation du sol par les Blancs, au développement de Nimbin et sa communauté. Le tout est parsemé de messages "Peace & Love" qui vantent les mérites bienfaiteurs des drogues, de l'amour libre, de la liberté etc... Au fond du musée, un petit "café" qui donne sur le jardin public. Les clients viennent plutôt pour les pipes à eau et herbe odorante que le Tea & Scones. J'ai halluciné sans rien prendre. Alors c'est vrai que la philosophie hippie a du bon!

De retour à Byron Bay, le soleil tente une timide percée. J'en profite pour prendre mon premier bain dans l'Océan Pacifique Sud et me sécher à la douce chaleur australienne. Peu avant le coucher du soleil, je remonte la plage, et là, un groupe de hippies (encore eux!) a pris possession d'une partie du parking et joue des mélopées qui attirent les badauds. Laisse bouger ton corps aux sons envoûtants des tambours et de la guitare...

Malgré la belle promenade d'hier, je me lasse de la grisaille et de la pluie et je décide souverainement qu'il est plus que temps de remonter vers le Nord et la côte. A la frontière du Queensland, je prends le pari que le soleil sera enfin de mon côté. Il y'a tout de même pas mal de kilomètres à faire, surtout que je choisis l'option longue. Mais cela me permet de passer par une de ces rares "villes" préservées, qui fleure "bon" la conquête du pays. Ce n'est que la seconde fois que je vois des façades de boutiques en bois, comme en construisaient les premiers colons.

A peine le temps de m'émouvoir, et je continue à travers les montagnes. Même si elles ne sont pas très hautes, je ne pensais pas que l'Australie en comptait autant, surtout aussi proches du littoral. Cette fois-ci, je remonte la Cordillière Australienne, qui n'a rien à voir avec sa cousine andine 'enfin, j'imagine). Il n'empêche qu'une fois de plus, les paysages verdoyants sont bien agréables à parcourir, même quand le manque d'essence se fait sentir. J'ai parcouru les 115 derniers kilomètres entre 50 et 60 km/h, gravissant des cols, afin de préserver les 100km disponibles affichés par ma jauge. Résultat des courses: j'aurais pu parcourir encore 60km quand j'ai fait le plein.

Le plein, je l'ai fait à Tamworth, capitale de la Country australienne. J'ignorais qu'elle existait, et je dois dire que c'est sans doute la ville la plus pourrie où je me suis arrêtée. A part le plaisir d'allumer la radio et de profiter du son de la guitare et du banjo, il n'y a rien à se mettre sous la dent ici. Je ne vous ai pas beaucoup montré de photos de villes (ou villages) australiennes, car elles sont à quelques rares exceptions, sans intérêt. Comme vous le prouvent ces photos de Tamworth, prises de la rue, et d'une terrasse. Bon, demain je décampe tôt pour retrouver la mer. Au fait, le soleil m'a rejoint!