Katia et moi partons à l'aube, enfin, juste après pour une journée de croisière lacustre. Le lac Inle regorge de villages sur pilotis à la vie trépidante, enfin presque. Nous remontons le canal jusqu'à l'embouchure du lac où des pêcheurs traditionnels nous attendent. Debout à l'arrière de leur barque, la nasse à bout de bras, ils sont surtout là pour la photo. Nous verrons d'autres pêcheurs plus loin qui utilisent des méthodes moins traditionnelles, mais à peine plus modernes: jeté-remontée de filet, filet dans l'eau avec les pêcheurs qui tapent sur la surface avec de longues perches pour faire bouger les poissons et mieux les attraper. A cette heure matinale, la lumière fait scintiller la surface du lac de mille éclats, alors que la brume se dissipe mollement sur le flanc des montagnes qui l'entoure. Spectacle majestueux s'il en est.
Pêcheur à l'ancienne
Pêcheur version 2014
Après la pêche, nous découvrons une autre activité toute aussi haletante et certainement pas moins fatigante: la cueillette des algues. Ils sont quelques uns à remplir leur barque d'algues récupérées au fond du lac. Une longue canne et ils enroulent et poussent et tirent les algues hors de l'eau et les versent à l'intérieur de la barque. Quel est l'usage ultérieur de cette récolte? Aucune idée...
A la cueillette des algues
Nous continuons à descendre le lac et nous engageons dans notre premier village sur pilotis. Ici, point de trottoir, mais des jardins flottants pour faire pousser les légumes indispensables à l'alimentation. Les villageois ramènent de la terre qu'ils amassent en petits tas à la surface de l'eau, puis ils plantent, attendent et récoltent. Un travail de fourmi un peu dingue. Un peu plus loin, les premières maisons. Les barques sont garées sous les maisons, bien alignées le long de "canaux". Des enfants sont aux fenêtres, des familles se déplacent d'une maison à l'autre en un coup de rame, une femme fait sa lessive agenouillée dans sa barque devant sa maison... Notre guide nous lâche dans un atelier de tissage de soie. Des femmes, plutôt agées sont à leur métier, un homme veille au feu et à la fabrication des couleurs pour teindre la soie. Nous passons de pièce en pièce, émerveillées devant tant de simplicité, mais surtout de savoir-faire, pour un résultat incomparable. Jamais vu une soie aussi fine... et aussi chère. Ben oui, tout a un coût ma bonne dame!
Village sur pilotis
Femme à son métier
Teinture en cours
Nous remontons dans notre barque, direction le forgeron. La forge est bien entendu à l'intérieur d'une maison de bois, pour plus de sûreté. Le forgeron et ses assistants sont en train de façonner une hélice. Travail délicat qui nécessite une force d'Hercule et de Hulk réunis pour donner au métal la forme voulue. A l'entrée de la forge, une petite boutique à touristes qui vend des bracelets, des colliers, des cloches buddhistes et tout un fatras d'objets charmants. Katia trouve forcément son bonheur, et moi aussi d'ailleurs. Nous achetons des bracelets en "argent" très jolis que la touriste arrivée juste après nous aurait bien aimé raffler, vu son regard dépité en nous voyant repartir avec sous le bras.
A la forge du village
Nous mettons ensuite le cap sur une autre boutique de tissage et de fabrique d'ombrelles en papier de mûrier qui me laisse un goût amer. 3 femmes karen sont assises là, leur collier entouré autour de leur cou et de leurs chevilles, en train de tisser. Ce spectacle folklorique pourrait paraitre tout à fait charmant si les Karen étaient une des tribus peuplant les abords du lac Inle, mais ce n'est pas le cas. J'ai donc plutôt l'impression d'assister à une scène d'esclavagisme moderne destinée à charmer le touriste naïf. Je ne m'attarde que le temps de quelques photos et nous filons déjeuner, sur pilotis, avec vue imprenable sur le lac.
Femme karen à son métier
Embouts de parasol "hand and foot made"
Vue depuis la terrasse de notre restaurant. Et en plus, c'était bon!
Nous digérons notre soupe de nouilles shan dans notre barcasse et reprenons le cours du lac en sens inverse. Nous nous arrêtons dans un temple bouddhiste, le plus révéré du coin, pour ses trois petits bouddhas. Oui, oui, ce sont bien des bouddhas sur la photo. Ils sont recouverts de tellement de couches de feuilles d'or qu'on ne distingue plus les formes, juste trois petites crottes qui trônent au milieu d'une immense salle, et quelques pélerins qui continuent le rite séculaire. Parce qu'évidemment, les femmes n'ont pas le droit de pénétrer auprès de l'autel... No comment.
Les trois "crottes" de Bouddha
Un bien grand temple
Nous terminons notre visite par un monastère bouddhiste. A part quelques touristes et les marchands du temple, il ne s'y passe pas grand chose. UN petit tour et puis s'en va. Nous rentrons tranquillement à Inle, de belles images plein les yeux. Y'a pas à dire, c'était une vraiment belle journée!
Monastère sur pilotis