Astrid autour du Monde

Canberra n'a pas cent ans. Elle a été fondée en 1913 pour devenir la capitale de l'Australie, car Sydney et Melbourne se menaient une guerre sans merci pour obtenir ce titre. La Nouvelle Galle du Sud a cédé une partie de son territoire afin de créer l'Australien Capital Territory (ACT). Il consiste en une ville et un parc naturel en plein coeur de la moyenne montagne qui relie les Snowy à la Cordillière Australienne, à l'ouest de Sydney. Comme annoncé hier, Canberra ne présente pas d'intérêt particulier, si ce n'est son musée qui recueille une intéressante collection aborigène. Voilà donc ce qui a motivé mon passage par la capitale.

La ville s'étale de part et d'autre du Lac Burley Griffin, lac artificiel créé par un barrage en amont de je-ne-sais-quelle-rivière. Les habitants, essentiellement des fonctionnaires, résident dans des maisons de plein-pied (comme partout dans le pays d'ailleurs) cachée dans le bush environnant. La partie "découverte" de la ville est donc un ensemble de bureaux et de bâtiments officiels. Mais de bâtiments datant de la fondation de la ville n'en subsistent presque aucun. On se promène donc dans une cité au plan bien dessiné, qui ressemblerait plutôt à un site olympique ou un site d'exposition universelle. Très étrange. L'art aborigène est bien plus intéressant, mais les photos étant interdites dans le musée, je ne peux malheureusement pas produire de reproductio sur le blog. Le reste de ma journée a été dévolue à mettre ce blog à jour, et vu la qualité de la connexion wi-fi cela m'a pris pas moins de 5 heures!! Tu vois ô lecteur assidu, je suis prête à tout pour toi!

Ragaillardie par l'air marin de la nuit, je prends le volant pour longer la côte et remonter vers la Nouvelle-Galle du Sud (à l'est). La côte est parfaitement préservée, avec peu de villages et pas de route qui la longe de part en part. Il faut donc faire des tours et des détours pour accéder à la mer. Le but de la journée est de me rendre au Cap Conran, qui marque la frontière entre les 2 états (Victoria et New South Wales), puis de remonter jusqu'à Eden pour la nuit. Vexée de n'avoir pu accéder au Whallala, je me rattrape comme je peux.

Effectivement, la côte est sauvage et en se promenant sur les plages désertes, on se sent un peu comme Robinson qui viendrait d'échouer là par hasard. Forêt de gommiers (une variété d'eucalyptus), sable fin, eaux transparentes (et froides!)... si seulement je savais pêcher, je me construirais bien une petite cabane pour y couler des jours heureux. Bon, pas sûre que je sache construire une cabane non plus. Alors, autant continuer ma route...

J'aborde les jardins d'Eden (le camping) à une heure raisonnable. Idéalement situés face à la mer, je m'offre une belle promenade digestive après un extraordinaire repas au Wharfside Café. J'avais retenu une autre adresse, coup de coeur du LP, mais qui était fermée ce soir-là. Je me suis donc rabattue sur son voisin de quai (wharf) qui annonçait le retour de la Moule d'Eden. Voilà qui en ferait baver plus d'un. En bonne chrétienne, je cède à la tentation et je prends en prime un fish&chips bien croustillant. Je découvre par hasard - et quel heureux hasard!- qu'il s'agit là de la soirée d'ouverture du restaurant. Bref, si tu vas à Eden, cher lecteur affamé, tu as là la meilleure adresse de la ville pour te sustenter. En prime, je suis gratifiée d'un étonnant coucher de soleil en sortant du restaurant. Alors oui, Eden est bien le paradis!

Je quitte l'Outback une fois pour toutes, direction plein sud et l'océan. A peine plus de 1400km en 2 jours, ça devrait le faire. Je vérifie mon itinéraire et met le cap sur Wentworth, petite bourgade de la Nouvelle-Galle du Sud qui accueille "la mer de sable". Pas d'attraction touristique ici*, juste une grande dune de sable orange, brûlant sous le soleil. Autre détail qui mérite d'être relevé, c'est à Wentworth que se rencontrent la Darling et la Murray, deux des grandes rivières d'Australie. Effectivement, peu avant d'entrer dans la ville, je passe un pont, mais cette fois il y'avait de l'eau qui coulait entre ses jambes. Après avoir traversé plusieurs centaines de "creeks" asséchés, cela m'a fait tout drôle.

Je poursuis vers Mildura où je prévois de m'arrêter, car le LP renseigne une adresse de café internet. Avec mes récents problèmes de connexion, j'ai quelques factures en souffrance que je ne saurais faire tarder plus longtemps, sous peine de pénalités. Evidemment, le café internet a disparu, et mon arrêt à Mildura n'aura servi à rien. En revanche, je suis revenue dans l'Etat du Victoria, et ses vertes prairies. Cette région, arrosée par la Murray est le verger de l'Australie. Partout des orangers, des citronniers, des cerisiers, des pommiers... enfin tous les arbres fruitiers auxquels vous pouvez penser sont là-bas. Ajoutez à cela des lauriers roses croulant sous les fleurs et vous obtenez un cocktail de couleurs depuis longtemps oubliées. Mais je ne prends pas la peine de m'arrêter, car j'ai encore de nombreux kilomètres à parcourir pour atteindre Echuca. C'est une petite ville paisible, elle aussi sur les bords de la Murray. Eh bien, cette fameuse rivière, je vais aller l'admirer de plus près en campant dans un parc forestier. Je pose la voiture en bord de fleuve et je me prépare pour une nuit paisible au milieu des étoiles... et des moustiques. Je ne les ai pas mentionnés jusqu'ici. Sans être virulents, ils existent, et je commence à ne plus compter les piqûres. Les aléas du voyage, surtout quand on n'a pas acheté de "repellent". 

Aujourd'hui je quitte les Flinders Ranges et son atmosphère paisible pour rallier Broken Hill, un trou perdu de l'Outback, cité minière dont les filons d'argent ont rapportés pas moins de $100 milliards en à peine un siècle d'exploitation. La distance à couvrir n'est pas impressionante. A peine 300 kilomètres. Mais ce sont 300 kilomètres de no-man's-land absolu. A peine quelques hameaux en cours de chemin. Un signe bien particulier m'indique que je suis bien dans un des coins les plus reculés du pays. Les rares automobilistes que je croise me saluent tous, sans exception. L'exception doit être de croiser quelqu'un justement!

Mais tout ceci n'a pas grand chose à voir avec le titre de ce billet n'est-ce pas? Figurez-vous qu'hier soir, j'étais tranquillement installée à la terrasse du restaurant. Je comptais bien profiter une dernière fois d'un délicieux filet de kangourou. La table voisine était occupée par un couple de Français. La femme n'arrêtait pas de me regarder. Visiblement, je l'intrigais. Au bout d'un moment, elle confie à son mari, à mi-voix - se doute-t-elle que je suis Française?- que je suis seule à ma table et que je dois voyager seule. Non contente d'ajouter "Remarque, vaut mieux ça que de ne rien faire". Alors oui, Tristan, je suis jalouse, car tu as quitté la France et les Français il y'a bien longtemps déjà. Et pour ça je t'envie. Ce brave général, descendant en ligne directe d'Asterix ET Obelix, n'a-t-il pas dit des Français qu'ils étaient "des veaux"? Il avait raison. Je ne me suis bien entendu pas donné la peine de relever, car je préfère encore être seule que mal accompagnée...

Après une bonne nuit de sommeil, la température n'est pas descendue en dessous de 15°, me voilà en pleine forme pour attaquer une balade. Je me rends au QG des Rangers afin de mettre la main sur une carte des promenades à faire dans le coin. Il y'en a pas mal. Malheureusement, pas de cartes disponibles, mais le Ranger de faction m'assure que les chemins sont très bien balisés. Il me recommande une promenade de 22km absolument superbe. Ha, ha, ha! Je veux bien faire un effort, mais 22 bornes avec 0% de masse musculaire, j'ai comme qui dirait un peu de mal à l'envisager. Je me rabats donc sur la Mount Ohlssen Bagge, une grimpette de 3,5km qui doit me mener au sommet d'une montagne depuis laquelle on a une vue imprenable sur le Wilpena Pound.

Mais qu'est-ce que le Wilpena Pound Me Cappello? Il s'agit d'une formation géologique assez intéressante qui pourrait ressembler à une caldera, sauf qu'ici point de volcan. Il semblerait tout de même que le sommet de la montagne se soit effondré il y'a de cela quelques millions d'années, et a laissé une vaste plaine entourées de parois rocheuses. Allons-y gaiment! Le petit paneau à l'entrée du sentier indiquait une accession difficile avec de l'escalade de rochers, eh bien, le petit paneau ne mentait pas. Après 2/3 de grimpe, la caillasse commençait singulièrement à me sortir par les trous de nez. Mais je n'ai pas renoncé, et je suis fièrement venue à bout de la montagne. J'ai tutoyé les sommets! Avant d'en chier dans la descente, car comme chacun sait, la descente est toujours plus difficile que la montée! Ce sont les jambes en capilocoton que j'ai regagné le campement. Ah oui, mon lecteur adoré, j'ai oublié de te dire que là-haut, la vue est sympa mais pas imprenable sur le Wilpena Pound. Elle est en permanence bouchée par des arbustes ou des rochers. MAIS, la promenade était agréable et ça m'a fait du bien. Je me suis revigoré à l'aide d'un bon filet de kangourou le soir, tout simplement dé-li-cieux!