Après une bonne nuit de sommeil et de ronflements récupérateurs, Katia se sent d'attaque pour visiter Mandalay. Nous sommes sur le pied de guerre aux aurores, car nous attrapons un bus dans l'après-midi pour aller à Bagan. Afin de gagner du temps et d'épargner les semelles de nos claquettes, nous louons des vélos pour aller d'un site à un autre. Je te le mets dans le mille mon lecteur extatique, nous commençcons par la visite de quelques temples, histoire de nous mettre en jambe.
Dans l'enceinte de la pagode de Kuthodaw
Nous commençons par la pagode Sandamuni, puis celle toute proche de Kuthodaw. Elles recèlent les textes les plus sacrés du bouddhisme, gravés sur des plaques de marbre, chacune d'entre elle étant abritée par une mini-pagode surmontée d'un clocheton. Nous déambulons tranquillement et je me fais poursuivre par un chien pendant que Katia visite Sandamuni, que j'avais déjà visitée antérieurement. Nos coups de pédales nous mènent ensuite au plus étrange monastères birmans, une construction récente qui reprend à l'identique la structure démolie par le feu datant de 1857. L'édifice me fait plutôt penser à une salle des fêtes stalinienne (sans le marbre). Un immense cube avec toit en terrasses trône au centre d'un espace clos par un mur d'enceinte. L'intérieur est une vaste salle sans aucun charme où ne repoe qu'un tout petit bouddha ridicule, comparé à ceux d'autres temples beaucoup plus modestes. Le monastère n'accueille plus aucun moine et aujourd'hui seuls quelques fidèles viennent se prosterner devant la petite statuette dorée.
La vaste salle de prière de l'Atumashi Kyaung
Juste à côté de cet étrange monastère s'en dresse un autre, sans nul doute le joyau de Mandalay, le Shwenandaw Kyaung. Tout de tek et d'or, cette splendide bâtisse a connu un autre sort avant de devenir monastère, puis site culturel. A l'origine, le bâtiment avait été commandé par le Roi Mindon pour lui servir d'appartement dans l'enceinte du palais royal. A l'époque (au milieu du XIXème siècle), Mandalay était la capitale du royaume birman. Le palais de tek fut à peine terminé que Mindon y mourrut. Son successeur, Thibaw, qui redoutait l'emprise et le rayonnement de Mindon jusque dans sa propre mort, préféra faire démonter le palais et en fit don à une communauté de moines, à l'extérieur de l'enceinte. Il redoutait que celui-ci soit hanté. Bien lui en a pris, car lorsque les Anglais voulurent reprendre Mandalay pendant la seconde guerre mondiale, ils commencèrent par consciencieusement bombarder et mettre le feu au palais royal. Ce monastère est donc le dernier témoin de ce que fut la splendeur de la cour de Mandalay.
Le très beau Monastère du Palais Doré
Aprè cette joyeuse découverte, nous reprenons vers le sud et longeons les douves du Palais Royal, jusqu'à l'entrée est, la seule accessible aux touuristes étrangers. L'enceinte du Palais Royal est aujourd'hui une caserne militaire en activité. Nous sommes sommées de laisser nos bicyclettes à l'extérieur de l'enceinte et remontons à pied l'allée centrale (la seule où nous avons le droit de mettre les pieds) jusqu'à la reconstitution du Palais Royal. Comme mentionné précédemment, les pavillons de bois avaient entièrement pris feu lors de la Seconde Guerre Mondiale et l'acharnement britannique à reprendre Mandalay. Les Anglais ont d'ailleurs pris soins d'achever leur bel ouvrage en transformant l'enceinte royale en caserne militaire et en démolissant quelques constructions anciennes pour faire place à un terrain de parade. Le bon goût anglais n'a pas de limite. Ce que nous visitons aujourd'hui est donc une reconstitution de l'emprise royale au sein de l'enclos. Les différents palais, salles de réception, quartiers des reines s'imbriquent les uns aux autres. Nous parocurons un ensemble de salles vides, dépouillées, dénuées de tout artifice. Les toits de tôle ne rajoutent rien à l'affaire. Difficile de s'imaginer la splendeur de ce qu'a pu être cette cité royale. Néanmoins, on en perçoit toute la majesté par la taille des différents édifices.
Le Palais Royal de Mandalay
Après toutes ces pérégrinations, nous nous réfugions dans un restaurant climatisé à la bonne cuisine birmane. Une espèce d'exception, car jusqu'à présent, je n'ai guère été impressionnée par le contenu des assiettes. Entre les cuisines indienne, chinoise et thaï, la cuisine birmane n'a pas réussi à se forger une place bien qu'elle possède toutes ces influences. Etrange...