Une semaine que je suis en Australie, et je me suis offert le grand écart climatique. Oubliés le mercure qui grimpe déraisonnablement et le soleil qui tape. La Tasmanie m'accueille avec un ciel plombé, de lourds nuages qui survolent les plaines et s'accrochent aux montagnes. Malgré ce ciel de novembre, la température est douce et le vent relativement modéré. J'entreprends la remontée de l'île au volant de Stan, ma petite voiture blanche (manuelle), qui se manie aisément dans les lacets des routes de montagne, mais qui peine un peu dans les montées parfois abruptes.
Au programme du jour, quelques 200 kilomètres dans les terres, pour passer par Oatlands, petit village apparemment préservé, mais qui se révèle sans intérêt. Puis cap à l'est, vers la mer de Tasman, où je prévoie une halte dans le Freycinet National Park pour admirer la Wineglass Bay uniquement accessible à pied. Enfin, je termine ma route à Bicheno, petite cité balnéaire, qui attend sagement le début de l'été.
Je peine quelque peu à sortir d'Hobart, car Felix me fait tourner en rond en me donnant des indications un peu légères. Une fois sur la bonne route, je me trouve très rapidement dans la campagne. Ici, les collines ont été déboisées pour laisser place à l'agriculture et une herbe haute et jaune. Le champ de vision se heurte partout à des montagnes couvertes d'eucalyptus et de myrte. Malgré l'empreinte de l'homme bien visible, les paysages n'en demeurent pas moins sauvages et magnifiques. J'ai envie de m'arrêter tous les 2 kilomètres pour observer et prendre des photos.
Après des heures de route et un peu de retard sur mon planning, j'atteins enfin l'océan. Les baies se succèdent les unes après les autres, plages de granit rouge ou de sable blanc, vent d'ouest s'abattant sur la mer et dégageant une bruine qui floute les contours de l'horizon. Pas idéal pour la photo...
Que va donner la Wineglass Bay par ce temps? Je m'en enquiers auprès du ranger de faction à l'entrée du parc, mais elle m'assure que la baie est dégagée. Je me déleste tout de même de $24, tout ça pour une heure de balade. Cher lecteur, tu constateras que je ne recule devant aucun sacrifice pour te faire profiter des beautés de l'île. Après 30 minutes de grimpette aménagée dans la forêt, j'atteins enfin le point de vue. Bon, OK, c'est joli, mais cela valait-il $24? D'autant qu'il se fait tard, et que je ne peux pas prolonger la promenade en descendant dans la baie. Je dois encore rallier Bicheno et me trouver un refuge pour la nuit.