Après Siem Reap et les temples d'Angkor, je mets cap au sud-ouest, direction Battambang. Cela me permettra de couper la route en deux jusqu'à Phnom Penh. Et cela me permettra également de croiser les villages flottants du lac Tonlé. Siem Reap est à quelques encâblures d'un lac si grand, que lors de mon arrivée en avion, je me suis fait la réflexion "Mais Angkor n'est pas au bord de la mer". Horizon illimité pour le lac Tonlé.
Le lac Tonlé Sap
J'ai un peu hésité à m'offrir la croisière sur le lac, car les 5 heures de bateau, qui se transformèrent en 7, coûtent tout de même $22. En bus, il, faut compter $6. Mais bon, je suis tout de même curieuse de voir ces fameux villages installés entre mangrove et lac, et puis c'est l'occasion d'utiliser un moyen de transport différent.
A bord du "Tonlé Sap Princess"
Nous embarquons sous un ciel gris et chargé et mettons cap au sud. Le bateau est presque plein, et quelques locaux partagent notre inconfort: un banc de bois, bien dur. Le Cambodge est la destination idéale pour te faire un cul en titane, mon lecteur à la fesse raplapla. Le temps s'écoule comme un chapelet qu'on égrenne, rythmé par le ronronnement de tigre du moteur. Pas que le moteur soit extrêmement puissant. Il est plutôt franchement bruyant. Nous arrivons à hauteur d'un premier village. Le capitaine fait retentir son gros klaxon. On arriiiiive! Une barque vient à notre rencontre et dépose un passager à bord. Même opération un peu plus loin. Dans chaque village que nous traverserons, nous récupérerons un ou plusieurs passagers ou des colis pour Battambang. Et au fur et à mesure que nous nous rapprocherons de Battambang, nous laisserons à quai quelques passagers.
Monsieur dépose sa femme et sa fille au bateau
Voilà pourquoi les locaux utilisent également ce moyen de transport. Il est cher, mais il les désenclave d'un monde fait d'eau. Comme je l'ai précisé, les villages sont flottants. Il n'y a donc pas de terre ferme. Les habitants vivent dans des maisons reposant sur de hauts pilotis ou sur des flotteurs. Les plus pauvres d'entre eux habitent leur bateau, chargé à bloc. Ils y dorment, cuisinent, vivent. A ces bateaux, une pirogue est attachée, qui leur permet d'aller pêcher surle lac. Ce doit être une drôle de vie au quotidien. Un espace restreint au sein de l'infiniment grand; la promiscuité permanente en famille et entre voisins et le silence profond d'une nature isolée.
Village flottant
Après avoir descendu le lac pendant plusieurs heures, nous bifurquons sur la rivière Tonlé Sap. Brusquement, la vie reprend son cours normal. La rivière est envahie de pêcheurs qui laissent dériver leurs filets. Notre capitaine doit slalomer entre eux. Les filets sont matérialisés en surface par des bouteilles en plastique. En plus de rendre la dérive du filet visible, cela renseigne également le pêcheur sur le succès de son entreprise. Lorsqu'un poisson se prend dans les filets, cela agite la bouteille la plus proche. Il n'y évidemment pas suffisamment de pêcheurs pour permettre de recycler toutes les bouteilles de flotte du pays, mais voilà déjà une entreprise utile.
Pêcheuse sur la rivière Tonlé Sap
J'acoste à Battambang en milieu d'après-midi. Un remork gracieusement mis à disposition par l'hôtel me récupère ainsi que deux autres Français et nous dépose devant le hall. Le temps de déposer Hardy au 4ème étage (sans ascenseur) et j'entreprends le tour de la ville. Battambang est la deuxième ville du pays et me parait aussi animée que Mâcon by night. Le centre ville historique, avec ses vestiges de maisons coloniales françaises et ses anciennes boutiques chinoises, se concentre sur 3 rues de large et 8 de long. Les deux heures qui me restent d'ici à la tombée de la nuit suffiront donc à en entreprendre le tour.
Maison coloniale "française" à Battambang
Battambang, c'est aussi une gare abandonnée. Depuis deux ans, plus aucun train n'y passe. Le Cambdoge a laissé tomber ses voies ferroviaires. Il fallait compter 8 heures de train pour rallier Battambang à Phnom Penh quand 5 heures de bus suffisent, les bons jours. L'occasion de faire quelques photos au soleil rasant et je retourne à l'hôtel pour la douche salvatrice et l'aspergeage d'anti-moustique de rigueur.
Le train ne sifflera plus 3 fois à Battambang