Astrid autour du Monde

Je retrouve mon couple de la veille, Ahna et Reece, à la terrasse de l'hôtel où je les ai laissés la veille. Je dois rendre à Ahna le pull qu'elle m'a prêté. Il est midi et demi bien tapés, et nous venons de nous lever, et n'avons encore rien avalé. Nous partageons donc un  "petit"-déjeuner fait de burger, de frites et de ketchup. Et nous abordons mollement les activités que nous avons prévu pour la journée. Pour ma part, je pense faire un tour en voiture du côté de Paradise. D'après le guide, la route est jolie. Reece me dit que ça ne vaut pas tripette. Eux, vont peut-être aller faire un tour en jet-ski avec un ami qui a passé le Nouvel An à Queenstown. Le temps avance aussi mollement que nos pensées, et pour finir, ils me proposent de les joindre pour aller à Queenstown, et dans les environs. Ravie de ne pas avoir à conduire, j'accepte leur proposition.

Nous faisons les 44km jusqu'à Queenstown en longeant le lac, puis Reece décide de nous emmener visiter Arrowtown, un petit village préservé de la région. En route nous traversons la rivière Shotover, un courant d'eau turquoise enchâssé dans la roche grise. Arrowtown est un alignement de vieilles maisons en bois de part et d'autre de la rue principale. Elle a effectivement le charme de l'ancien. Il fait encore une journée splendide et notre premier réflexe est d'acheter une glace. Sur les conseils d'Ahna, je choisis 2 parfums typiquement "kiwi": roysenberry (une sorte de mûre transgénique par la taille) et Gum Drops. Va pour la boule de "mûre", mais alors "Gum drop" est en fait une glace à base d'ourson en gélatine. Parfaitement infâme! Cela me colle le coeur sur l'estomac pendant un moment.

Avec le 4x4 de Reece, nous remontons ensuite une rivière aurifère et traversons son lit bien 5-6 fois, avant de nous poser un moment. Nous jouons aux chercheurs d'or pendant un moment à l'aide d'une poêle à frire, mais sans succès. Nous profitons également du temps magnifique pour nous baigner dans la rivière glacée. La vie au temps des pionniers un 1er janvier? C'est plutôt sympa!

Je laisse derrière moi Te Anau et ses fjords somptueux sous le soleil, pour aller passer le réveillon un peu plus au nord et à l'intérieur des terres. Queestown est LE rendez-vous de l'île du Sud des backpackers amateurs de frissons en tous genres. C'est la qu'est né le saut à l'élastique, mais il est également possible de faire de la chute libre (15 000 pieds), du parapente, du deltaplane, du parachute ascensionel, du canyoning... et j'en passe. Glenorchy, de son côté, est une minusule bourgade qui n'offre rien d'aussi excitant, si ce n'est l'authenticité et une tournure un peu plus "locale". Hier soir, au moment de me coucher à l'arrière de mon pick-up, un Italien passe sur le parking pour récupérer un truc dans sa voiture. Il m'aperçoit et nous commençons à discuter. Il parle extrêmement bien français... et il est tout étonné de voir une femme seule, dormir à l'arrière d'un pick-up rouge sang. Il arrive de Queenstown, qu'il n'a pas aimé, car trop fréquenté. Il me recommande Glenorchy. Et au moment de me souhaite bonne nuit, il lâche "Ahh la grandeur de la France" à mon égard. Il n'en revient décidément pas.

A peine 2 heures de route me séparent de Queenstown. Je prends donc mon temps et m'arrête sur les aires de repos pour... me reposer ou prendre quelques photos. A chaque fois, une voiture, la musique à fond, s'arrête et lâche un flot de jeunes, tous la bière à la main. Hmmm, ils m'ont l'air de se rendre à Queenstown et ma décision est prise, je vais pousser jusqu'à Glenorchy.

Glenorchy est située au bout d'un immense lac de montagne. La ville est petite, mais fait le plein pour cette fin d'année. J'arrive tout de même à me dégoter un emplacement au camping du coin. Ne trouvant pas la place qui m'est assignée, le patron du camping m'accompagne. Quand il réalise que je dors dans mon pick-up, il tient absolument à me donner un vieux matelas dont il n'a plus l'utilité. Je décline poliment l'offre, mais je me dis que ce pick-up est décidément une bonne affaire!

Je fais un petit tour dans la "ville" et au bord du lac. Je repère en chemin, dans un des hôtels du coin, qu'il y'a un groupe qui joue ce soir: "Live Music from 9:00PM". Parfait, c'est là que j'irai me poser en attendant minuit, si je tiens jusque là. Il se trouve que j'ai tenu jusque là grâce à la compagnie d'un couple de Kiwis venus s'asseoir à ma table. Nous avons passé la soirée ensemble, à discuter, danser, et boire. Ils ont une de ces descentes! Je n'avais pas le temps de finir ma bière, qu'ils m'en remettaient une. A 3h00 du matin, je tangais jusqu'à mon petit camion rouge et zou! au lit!

Si on vient jusqu'à Te Anau, c'est bien sûr pour les fjords. Mais il y'a aussi la route de Te Anau à Milford Sound, qui parait-il est une des plus belles de Nouvelle-Zélande. Aujourd'hui, la météo prévoit de la pluie, même si ce matin, à Te Anau, il fait beau, et je suis même gratifiée d'un très bel arc-en-ciel en émergeant de ma voiture.

Le programme d'aujourd'hui est donc de parcourir les 240km aller-retour jusqu'à Milford Sound, en prenant mon temps et en faisant les courtes promenades sur le chemin. J'ai également réservé pour une excursion pour une grotte stellée de vers luisants, située sur la rive opposée du lac. Il faut donc que je sois de retour à 16:00 à Te Anau.

Les 2 promenades que je fais sont en forêt, et je dois dire qu'elles sont belles leurs forêts. Cela change de la rainforest australienne, même si le taux d'humidité de la région doit être supérieur à celui des Blue Mountains. Milford Sound reçoit 7m de pluie par an! Les forêts de hêtre rouge sont majestueuses et recèlent évidemment de fougères, LA plante symbole de la Nouvelle-Zélande, qui va jusqu'à orner le maillot des All Blacks.

Plus je remonte vers Milford, plus le temps se gâte. Les nuages sont toujours plus épais et toujours plus bas. J'ai poursuivi ma route jusqu'à Milford plus par obstination qu'autre chose, car effectivement, en arrivant au fond du fjord, non seulement il pleuvait à verse, mais on ne voyait rien! Je suis bien contente d'avoir choisi de ne pas faire la croisière dans le Milford Sound. Par un temps pareil, c'était $200 de perdu!

Demi-tour toute et retour à Te Anau pour embarquer pour une "croisière" sur le lac et visiter une des plus belles "Glow Worm Caves" de Nouvelle-Zélande. Malheureusement, les photos sont interdites dans la grotte, car les vers luisants sont extrêmement sensibles à la lumière. Nous remontons une partie de la grotte à pied, sur une passerelle aménagée. L'occasion de voir des cascades et piscines naturelles souterraines, avec une eau plus pure que le plus beau des diamants. On grimpe ensuite dans une barque à fond plat, reliée à un filin. Et on navigue dans le silence le plus absolu et le noir le plus complet dans la grotte. Observer ces vers luisants, c'est comme regarder la voie lactée par la plus chaude et la plus claire des nuits d'été. Bref, si tu viens en Nouvelle-Zélande et que tu n'as pas l'occasion d'observer la Croix du Sud, va donc faire un tour dans une "glow worm cave"!

Après avoir roulé comme une dératée à travers l'Australie, j'ai décidé de ma la jouer plus cool en Nouvelle-Zélande. Je passe 2 à 3 nuits au même endroit, et je prends le temps de visiter les alentours. Aujourd'hui, j'ai donc mis à mon programme la Péninsule d'Otago, qui se trouve en face de Dunedin. Cette péninsule se visite surtout pour sa faune, car elle héberge des pingouins à yeux jaunes, des pingouins bleu, des lions de mer, des phoques, et l'albatros royal... ah oui, et j'oubliais: quantité de mouettes.

Je commence par me rendre à Allan's Beach, repère occasionnel de lions de mer. Il n'y en pas aoujourd'hui, mais la plage est assez jolie, cachée derrière des collines ondoyantes, repères de moutons. Je continue de penser que ce sont bien des Ecossais qui ont fondé la première ville néozélandaise, car sur ce petit bout de terre, beaucoup de choses me rappellent l'Ecosse: les moutons, la lande, les collines. Je tente un pied dans l'eau, mais ce n'est pas aujourd'hui que je me baignerai. On sent qu'il n'y a effectivement rien entre ici et l'Antarctique.

Je reprends la voiture et flâne au gré des routes: un coup à droite, un coup à gauche, demi-tour toute. Je gravis les collines et les dévale, jusqu'à arriver au bout d'une route non goudronnée, qui propose une balade d'une heure jusqu'à la plage. Tip top! J'ai scrupuleusement suivi les panneaux fléchant la plage, que je n'ai jamais trouvé. Après 40 minutes de marche dans la lande, en marchant parallèllement à la plage, j'ai préféré rebrousser chemin. Le temps se couvre et je ne sais pas si je vais réussir à voir un seul animal! Je me rends au bout de la péninsule où nichent les albatros et une quantité de mouettes. Pour voir les albatros, il faut s'acquitter de $30 pour accéder au centre d'observation. En plus, c'est la saison de nidification, donc pas idéale apparemment pour les observer. Je m'abstiens donc de cette dépense inutile. N'empêche, qu'au loin, j'en ai vu un qui faisait du vol plané. Il ne donne jamais un coup d'aile!

A deux pas du promontoire, une petite plage sensée accueillir les pingouins bleu après 16:00. Ils ne sont pas très ponctuels, donc je ne les ai pas vus. En revanche, leur place était squattée par un beau phoque qui se prélassait paresseusement sur les rochers. Jolie bête!

J'ai pratiqué le camping sauvage pour la nuit de Noël. J'ai dormi à l'intérieur de la voiture... enfin, dormi, façon de parler. Je me suis réveillée à minuit, et j'ai observé les étoiles, toutes plus belles et brillantes les unes que les autres. Elles vous feraient oublier les belles nuits du Gers... Et ce matin, quel plaisir d'ouvrir les yeux pour admirer ça:

Je ne m'attarde pas sur la péninsule d'Akaroa, et je mets le cap sur la péninsule d'Otago, au sud-est de l'île. Oui, je sais, j'ai un truc avec les péninsules... Il est 9:00 et Félix m'annonce une arrivée à 13:00. Super, je vais pouvoir m'octroyer une bonne sieste en route! Effectivement, je dors 3 heures sur une aire de pic-nic. Mais ce dont je n'avais pas tenu compte, c'est que j'avais oublié de passer mon GPS à l'heure néo-zélandaise... et il y'a 2 heures de décalage avec Sydney! Je suis maintenant à H+12 de la France et je suis dans le pays à voir le soleil se lever en premier! Finalement, j'arrive au camping d'Otago à 18:00. Heureusement, il restait encore de la place, mais en "powered site", c'est-à-dire avec les camping cars. Je fais sensation avec ma voiture. Il y'en a même qui trouvent cela malin. Je pense que je vais avoir un franc succès dans les campings, et que je vais rencontrer un peu plus de monde qu'en Australie. Pour la peine, je pense que je vais la baptiser "Red Success"...

PS: Oui, tu peux rire mon lecteur cynique... Sur le coup j'ai un peu eu envie de pleurer, mais là ça va mieux.