J'ai mis toute mon énergie dans le titre de cet article et il me reste à peine la force de te conter ma journée, désormais. Si je pouvais, je taperai avec mes pieds, mais je n'en ai plus - de pieds. Il y'a eu l'élégance du hérisson et il y'a l'infâmie de la claquette. J'avais oublié en partant sac au dos et chaussures de rando vissées aux harpions, que la claquette, autrement appelée tong ou Birkenstock, peut vous ruiner un voyage. Après avoir déambulé dans Bombay en Birk toute la journée d'hier, je me suis retrouvée avec les pieds légèrement endoloris. J'ai commencé par un savonnage complet et un rinçage à grande eau. C'est un peu comme si j'avais plongé les pieds dans la javel. Un pur délice masochiste. Tu m'étonnes qu'il ne faut pas boire l'eau dans ce pays! J'ai tout désinfecté au mercurochrome par excès de prudence. Tout ça pour dire que ce matin, aïe aïe AÏE!
Marine Drive court le long de la baie, et où les amoureux viennent se compter fleurette
J'ai troqué les Birkenstock contre les espadrilles à semelle de corde: rien ne vaut de se brûler les ampoules en marchant 10km. J'ai rallié Churchgate où se trouve mon hôtel, à Malabar Hill, à l'autre bout de la baie de Bombay, le cul de sac de la Mer d'Arabie. Je ne peux tout de même pas stopper net mon voyage, sous prétexte que mes pieds délicats n'ont pas aimé le passage abrupt de l'hiver à l'été. Malabar Hill, donc. Je ne pense pas que c'est ici qu'ait été inventé le chewing-gum à faire des bulles et à coller dans les cheveux. Il se trouve que c'est le quartier des nantis de Bombay et des quelques "skyscrapers" que comptent la ville.
Opulence et Indigence les deux mamelles de l'Inde?
Eh ben mon lecteur, je vais te le dire tout de go, ça ne vaut pas bézef cette ballade. Il faisait un soleil de plomb (j'avais quand même pensé à ma petite bouteille d'eau) et une chaleur d'enfer, à tel point que je me suis crûe bonne pour l'insolation. La colline des richards? Effectivement, colline il y'a, et les richards on les reconnait parce qu'ils roulent en voiture européenne climatisée avec chauffeur. Mais les maisons... elles sont toutes plus décrépies les unes que les autres. C'est comme si on érigeait une statue de Jeanne Moreau en lieu et place de la tour Eiffel pour vanter les charmes de la femme française!
Cet immeuble fait presque bonne figure
Je vais plutôt te parler de mes premières impressions en te citant un grand poète: "Où sont les femmes?". C'est ahurissant le nombre d'hommes que j'ai pu croiser. Nul doute que la femme ne vaut rien dans ce pays, et qu'il vaut mieux s'en débarasser le plus tôt possible. Les infanticides de fillettes sont nombreux dans les campagnes. On sent à son regard, que le mâle est dominant, qu'il est tout-puissant. Imagine l'homme riche! Bref, voilà qui va combler mes idéaux féministes et égalitaires pendant ces 2 mois de voyage. L'Inde va sûrement m'apprendre une chose: ronger ma chique! Un bon début non?
Bombay, 22 millions d'habitants